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jeudi 24 juillet 2014

TENTATIVE D'EPUISEMENT D'UN PERSONNAGE - Agnès

Dans ma valise, il y a l’univers. J’y mets tout ce que je trouve, une balle qui rebondit, une bouteille de coca light, tous mes mots, voyelles ou consommes. J’y mets aussi ma liste de courses. Ma valise, elle est grise et tous les chats sont gris ; elle est verte et on s’envole pour l’écologie. Elle est vieille, elle est bosselée. Ma valise, il faut un mode d’emploi pour l’ouvrir. Tiens, il y a une photo, une petite coquine de fille qui sourit et qui vous regarde. Mais qui est-elle donc ! Elle est  elle et elle est sur ma valise.

 Avec sa petite fille assise à l’avant du cadi, elle avait du mal à être concentrer et son esprit voguait du cadi de la personne d’à côté aux yeux glauques des poissons du rayon grand froid. Elle était soulée et fatiguée par le bruit de l’hypermarché. Déjà le personnel de nettoyage passait et repassait. Les promotions en tête de gondole devant lesquelles s’agglutinaient les ménagères formaient des embouteillages. De part et d’autre, les gens rallaient. Sa liste de courses dans une main et son cadi poussé par l’autre, elle essayait de se diriger vers les rayons où elle pensait trouver ce qu’elle cherchait. La journée avait été chargée et la coupe était pleine. Bientôt les caisses et l’attente puis les sacs et la voiture ainsi que le trajet achèveraient la journée si bien remplie par le rituel du soupée et du couchée.   
Toutes les semaines, j’allais faire mes courses et cette fois ci, J’avais perdu ma liste de courses. Mais ou l’avais-je donc mis ? Dans ma poche peut-être. Ici tout me provoque. Mais où est donc cette fichue liste ? J’essaie de me souvenir. Cela devient urgent. Je suis au cœur de l’hypermarché et je hère comme une perdue. Ah ! Ca y est, je me souviens, yaourt, Nutella, brioche, chouchou pour Lou, dentifrice pour Max et colle néoprène. Heureusement j’ai une bonne mémoire et tant pis pour la liste.
Je sors du supermarché, je n’avais toujours pas retrouver ma liste de courses. Mais ou l’avais-je donc mis ? Peut-être dans ma poche, mais qu’est ce qu’il y a dans ma poche ? Tiens, un papier plié en quatre. A vrai dire, mais c’est ce que m’a donné Christine. Mais qu’est-ce ? Un CV, une lettre de candidature ? Ah, c’est le truc de Tupperware. C’est Christine qui cherche une hôtesse pour recevoir pour sa marque. Mais où est donc ma liste ? Allez, pensons donc à Christine. En fait pourquoi pas !     
Tiens il fait nuit ,la nuit où tous les chats sont gris. La nuit tombe tôt en décembre et tard en juin. La nuit doucement éclairée par la lune pale brille de mille feux au firmament de la voie lactée. Il fait nuit jusqu’au moment où le soleil levant pointe son nez.
Je suis né un dimanche et j’ai vraiment été attendu et désiré. Je suis arrivé comme ça au monde des vivants. J’ai grandi sans problèmes en âge et en sagesse. Depuis le début j’ai peur du noir, j’ai peur de la nuit où tous les chats sont gris. Depuis ma fenêtre, j’observe la lune ou la voie lactée et j’ai peur. C’est ainsi que j’ai peur de la balle qui rebondit, qu’il faudrait que j’attrape et que je chope comme l’instantané de l’instant présent
L’enfant aussi était né un dimanche Sa mère l’avait longuement porté, chéri et aimé et il était arrivé au monde des vivants. Tout avait été pour le mieux, et il avait grandi en âge et en sagesse. Mais l’enfant avait peur du noir, de la nuit où tous les chats sont gris. Il se mettait à la fenêtre où la nuit doucement éclairée par la lune brillait de mille feux au firmament de la voie lactée. Je crois qu’il avait peur du grand saut. C’était comme avec la balle qui rebondissait et la femme de ménage qui la lui lançait. Il avait peur de s’élançait dans l’escalier et l’attraper. Avait-il était trop chéri ? La nuit était pour lui l’inconnue comme ce geste d’aller vers la balle et de la choper, geste où l’on stoppe le mouvement dans l’instantanée. 

Du haut de la cage d’escalier, la balle tombe. La femme de ménage balayent les marches une à une. L’enfant hésite avant de s’engager. La balle rebondit, la femme la saisit au vol. Elle la lance à l’enfant et ramasse la poussière avec la pelle et la balaillette.

L’enfant vient de prendre son bain, il est tout propre, il a les cheveux mouillés et il est en pyjama. Il sourit et regarde la balle rebondir, il prend son élan pour descendre l’escalier quand la femme attrape la balle. La femme de ménage est courbée et elle ramasse la poussière des marches une à une. Elle porte une jupe ample serrée à la taille avec un tee shirt blanc qui descend sur les hanches. Ses cheveux tirés en arrière et attachés par un chouchou sont blonds et raides. Ses pieds sont chaussés d’espadrilles. Quand la balle  rebondit, la femme est en bas de l’escalier. L’enfant l’attrape. Ca y est, je n’ai plus peur.

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